Pour ou contre Ici fessée? 2000 ans de débat - - actu enfance, Puériculture , matériel bébé, comptine, jouet, bébé


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Pour ou contre Ici fessée? 2000 ans de débat

à 00:00:00, 30.11.1999

S'AGIT-T-IL D'UNE PUNITION ANODINE OU D'UNE ATTEINTE À LA DIGNITÉ DES ENFANTS ? VU LES PRATIQUES DES SIÈCLES PASSÉS, CE DÉBAT AURAIT PARU BIEN ÉTRANGE À NOS ANCÊTRES. Par Arnaud Conzague Une bonne fessée, ça remet les idées en place. » C'est, à peu de choses près, ce que pensent deux tiers des parents français, qui admettent recourir à cet expédient. Mais tout le monde ne l'entend pas de cette oreille. Aujourd'hui, le Conseil de l'Europe réclame l'interdiction de toutes les punitions corporelles, avec l'appui de quelques associations anti-fessée comme la française Ni claques ni fessées. Et si la Suède a été le premier pays à la prohiber dès 1975, aujourd'hui, une vingtaine de pays européens (Pays-Bas, Allemagne, Grèce, Espagne, Italie...) l'ont bannie. On n'imagine pas combien cette préoccupation aurait paru exotique jusqu'à la seconde moitié du XXe siècle ! Car l'histoire des enfants en Occident, c'est aussi l'histoire des punitions corporelles, celles qui remettent dans le «droit chemin». Et cela ne se résume pas aux fessées, loin s'en faut ! «L'histoire de l'enfance est un cauchemar dont nous venons tout juste de nous éveiller. » Ainsi s'ouvre Histoire de l'enfance, l'ouvrage de l'historien américain Lloyd de Mause... De fait, dans la Rome antique, le père (pater familias) avait droit de vie et de mort sur sa progéniture. Dès la naissance, il pouvait ne pas reconnaître le nourrisson et l'a exposer». Chez les Romains, un jeune enfant appelle son père domine («monsieur») et il sait que celui-ci a le droit, s'il est mécontent de lui, de le battre, le condamner à mort ou... le vendre. Il faut préciser que le droit de vie et de mort du pater sur les enfants libres indigne l'opinion romaine et qu'il cesse avec l'empereur Auguste, au tout début de notre ère. Même si on le retrouve dans le droit germanique du premier Moyen Age. Et à l'école ? Pour les jeunes Romains, l'ambiance n'est pas plus clémente. Ils sont fréquemment corrigés par les maîtres avec une férule (lire encadré page suivante). «Par la souffrance physique et morale, nous corrigeons les caractères dépravés, écrit Sénèque. C'est œuvre de raison et la colère n'y est pas nécessaire.» D va sans dire pour les pédagogues qu'il est indigne pour un homme libre, même enfant, de crier de douleur... Au Moyen Age, les garçons quittent leur famille vers 7 ans pour apprendre un métier dans une ferme ou au sein d'une corporation. Pour le franciscain Barthélémy l'Anglais (XIIIe siècle), «tant comme le père aime plus l'enfant, tant l'enseigne-t-il plus diligemment et le bat plus souvent». A partir de la Renaissance, l'éducation des hommes devient une priorité partout en Europe. Médecins et moralistes fustigent le «mignotage», les câlins prodigués par les mères, supposés ramollir les enfants. UNE ÉDUCATION AU FOUET ET À LA BAGUETTE Les écoles se développent partout et, du coup, les punitions corporelles se généralisent. Jusqu'au XVe siècle, on déshabille entièrement les enfants avant de les battre. Et les verges pieu-vent. Au XVIe siècle, le fouet, qui était réservé aux petits enfants, s'étend à toute la population scolaire, jusqu'à un âge avancé. Les éducateurs jésuites sont connus pour être particulièrement féroces et infliger des humiliations terribles aux enfants. Les jésuites emploient même des «correcteurs» pour effectuer ces basses besognes ! Leurs règles sont précises et dureront jusqu'au XIXe siècle : on ne donne pas la «bastonnade» (les coups de bâton), réservée aux valets ; on ne frappe pas avec la main (ça, c'est pour la maison). En revanche, on utilise le fouet, la férule ou la chaînette de fer qu'on assène sur les mains, le dos, les oreilles, mais bizarrement très rarement sur les fesses ! Les maîtres pratiquent aussi communément le cachot, le «genouiller» (une bûche sur laquelle l'enfant puni doit rester à genoux), le «jambon» (il s'agit de demeurer plus de dix minutes, genoux ployés, mains sur la tête) ou la «terre embrassée» (on ne se contente pas toujours de l'embrasser : Alphonse Daudet, au XIXe siècle, se souvient avec effroi «quand il fallait par exemple balayer à coups de langue le carreau fraîchement arrosé, sa poussière devenue boue et souillant, mettant à vif le palais tendre des coupables»). Certains professeurs à l'imagination débordante ont même l'idée de relier les mains des enfants à leurs talons et de les suspendre ainsi à un clou au mur... Quelques pamphlets dénoncent l'«orbilianisme», c'est-à-dire les violences des jésuites. Tous les penseurs humanistes ne sont pas favorables aux châtiments, loin de là. Montaigne écrit : «Combien de fois m'a-t-il pris envie, passant dans nos rues, de dresser une farce pour venger des garçonnets que je voyais écorcher, assommer et meurtrir à quelque père ou mère furieux.» Reste que le XVIIe siècle est celui de l'autorité absolue de la patria potestas (puissance paternelle) et aucune catégorie sociale n'y échappe : même le jeune Louis XIII, futur roi de France, goûte le fouet quand sa gouvernante Mme de Montglat, à laquelle son père Henri IV a donné «puissance de fouetter», estime qu'il le mérite. Et les lettres de cachet, de sinistre mémoire, permet à n'importe quel père de faire jeter son fils au cachot, avec 1 prisonniers de droit commun, sans avoir à se justifier. En se débarrassant du roi, la Révolution renverse aussi l'a rité millénaire du père. «Il n'y a plus de puissance paterne clame Cambacérès. Les tribunaux de famille, institués le 24 août 1790, arbitrent désormais les différends entre pèn enfants pour remplacer les lettres de cachet (qui sont total ment abolies le 26 mars 1792). Le 27 septembre 1793, les p fions corporelles sont supprimées dans les écoles de Paris Révolution n'est tendre avec personne, sauf avec les enfar «Les enfants appartiennent à la République avant d'appai à leurs parents», martèle Danton, l'émancipateur. CODE NAPOLÉON : L'AUTORITE AUX MAINS DU I Mais le premier Empire efface d'un trait de plume toutes ci avancées. Les articles 375 à 383 du «Code Napoléon» de li établissent ainsi un «droit de correction paternelle». Rien à voir avec le droit de battre ses enfants - qui coule telleme de source qu'il n'est nul besoin de le préciser dans la loi. Il de rétablir la lettre de cachet, qui est placée, cette fois, entr les mains du père, et non plus des deux parents. De nouve; 32-e qui a des sujets de mécontentements très graves sur la : : - ru te d'un enfant» peut le faire enfermer en maison correc-xcmeJe, sur simple demande au tribunal d'arrondissement. Catfectif «grave» est ici décoratif : un papa n'a nullement à se -iriier... Jusqu'à 16 ans, l'enfant ne peut rester embastillé pkss d'un mois ; au-delà, sa peine peut s'alourdir à six mois. S es ordonnances de «correction paternelle» ne concernent nu millier de cas par an (l'année 1869 est le record, avec : 527 enfermements), elles affectent tout de même quelque D00 enfants entre le milieu du XIXe et la Première Guerre ¦mmdiale. Car ce qui était un instrument plutôt réservé aux sassea aisées se démocratise énormément en un siècle - il faut sire qu'un décret de 1885 exonère les familles pauvres des frais le i pension et d'entretien»... Si l'opinion publique commence à regarder d'un mauvais œil ce droit de correction, il faut arendre 1935 pour que les «maisons de correction» soient iéhles. Trois ans seulement avant la disparition du bagne... rrtant, au XIXe siècle, la loi s'adoucit un tout petit peu. Le du 25 avril 1834 ordonne pour les écoles élémentaires niunales que «les élèves ne pourront jamais être frappés», le pïus sévère qu'un maître puisse administrer est désormais ^ mise à genoux». Cinquante ans plus tard, l'arrêté du 6jan-:ier 1881 de Jules Ferry stipule qu'«il est absolument interdit d'infliger aucun châtiment corporel». Mais la formule est assez floue pour qu'on puisse exclure de l'interdiction quelques gifles... Et les vieilles habitudes ne passent pas facilement. De fait, si dans les classes aisées on réprouve de plus en plus les corrections physiques, L'Enfant (1878), l'autobiographie de Jules Vallès, témoigne du sort des enfants ordinaires, agonis de coups du matin au soir. La description d'une petite voisine, Louisette, battue par son père, est particulièrement intolérable : «Elle était à terre, son visage tout blanc, le sanglot ne pouvant plus sortir, dans une convulsion de terreur, devant son père froid, blême, et qui ne s'était arrêté que parce qu'il avait peur, cette fois, de l'achever.» Ce qu'il fera peu après, dans l'impunité totale. En Allemagne, l'éducation prodiguée du XVIIIe au XXe siècle est encore plus rude. Ce mouvement appelé (plus tard) «pédagogie noire» repose sur l'idée que l'enfant est une créature sauvage, mauvaise, qu'il faut littéralement dresser. «Battez-les, faites les crier : "Non, non, papa, non, non !" (...) Cette correction ne doit pas être purement mécanique, mais le convaincre que vous êtes son maître», conseille le pédagogue Krùger dans un sympathique manuel de 1752. QUAND LA LOI SANCTIONNE DES PARENTS En France, les choses évoluent : en 1889, la loi sur la déchéance paternelle est promulguée. Elle permet pour la première fois de retirer un enfant maltraité par son père. En 1898, la loi sur les mauvais traitements alourdit les peines contre les parents bourreaux. Au début du XXe siècle, en France, on accuse volontiers les écoles catholiques de pratiquer encore des châtiments d'un autre âge, mais l'école laïque n'est guère moins sévère. Dans Confusion des peines (1942), Julien Blanc décrit son enfance d'orphelin, vers 1918. Entre internats religieux et laïcs, il n'y a guère de différences ! «Je ne pourrais compter les fessées que je reçus à cette époque, ni les gifles, ni les coups de pieds sur le derrière... », écrit celui qui dépeint la persistance de diverses pratiques brutales, comme raser une bande de cheveux au milieu du crâne à tous ceux qui ont tenté de s'évader. Une ordonnance de 1958 permet au juge des enfants de retirer à une famille la garde des enfants pour les confier à des personnes agréées, et non seulement à la famille. Mais il faut attendre 1971 pour que les médecins et assistants sociaux soient officiellement déliés du secret professionnel qui les empêchait de dénoncer des parents bourreaux-! En Suède, il y avait belle lurette que les enfants pouvaient porter plainte contre eux... C'est du reste l'aventure qui est arrivée en début d'année à une mère lilloise de 32 ans. Mais Véronique R. a été condamnée à six mois de prison avec sursis, assortis d'une obligation de soins psychologiques et mise à l'épreuve de deux ans, pour... une simple gifle, donnée un soir à sa fille de 9 ans. Une décision qui interdit de fait la gifle dans notre pays. La fessée, elle, n'envoie encore personne en prison... pour combien de temps ? ?

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